IV. Le boîtier métallique

Le boîtier du fermoir d’Envermeu a probablement été très attaqué par son environnement durant ses 1600 ans d’enfouissement. Au point que l’Abbé Cochet n’en fait même pas mention dans sa description des fouilles archéologiques. La pièce visible au musée départemental de Rouen est enchâssée dans un boîtier d’argent, qui a peut-être été réalisé sur mesure par un artisan bijoutier du XIXe ou XXe siècle. La régisseuse des collections, Laurence Lyncée, m’a sorti toute la documentation en rapport avec l’objet, mais il n’est fait nulle part mention de la restauration.

J’ai pu obtenir des éléments de réponse en observant les fermoirs de Lavoye et de Famars


© MAN / L.Tondeux


© Musée des Beaux-Arts, Valenciennes / L. Tondeux

Ces deux boîtiers devenus poreux à cause de la rouille ont subi quelques dégâts, bien rattrapés à la conservation. Sur les bords, là où le métal a été plus rongé, on peut distinguer ce qui ressemble à deux plaques distinctes: le fond, et les bords montants. La tôle utilisée est d’une épaisseur d’1mm.
On peut aussi observer la charnière qui relie la boucle au boîtier; C’est une tôle de fer de 5/10e d’épaisseur, soudée sur la plaque du fond, et rabattue à l’intérieur sur le devant.

C’est une trouvaille dans la documentation recueillie par Alexander Van’t Land, de l’association Francorum 440-580, qui m’a définitivement convaincue de la structure en deux éléments du boîtier: le cerclage seul, sans la plaque du fond.


Elément découvert à Champlieu, dans l’Oise © MAN / Françoise Vallet

Sur le fermoir d’Envermeu, les angles entre les cous et les têtes de chevaux sont beaucoup moins marqués, voire même pas du tout. J’ai donc adapté le boîtier au dessin.

En temps normal, le fer se travaille à chaud, et l’on joint deux éléments distincts par une soudure (pression à chaud de deux métaux semblables qui se fondent l’un dans l’autre). Mais cette réalisation est bien trop fine pour supporter une frappe au marteau à chaud. Elle serait déformée.
Édouard Salin, maître de forge et président de la Société d’Archéologie Lorraine, décrit dans un de ses ouvrages ses observations. Les deux éléments seraient apparemment brasés (apport à chaud d’un autre métal pour relier les deux parties) avec des sels de cuivre, une poudre vert-de-gris que l’on obtient en mettant en contact du cuivre et du vinaigre, ou du cuivre et de l’acide nitrique.
Le fer ayant une fâcheuse tendance à s’oxyder très rapidement, il est impératif de décaper complètement les deux surfaces de contact, de ligaturer le tout solidement, et de couvrir de borax. Ainsi la soudure prend sans problème.