VIII. L’assemblage des éléments

Les têtes de chevaux sont maintenues dans le boîtier par un ciment dont la composition n’a pas été étudiée (sur l’exemplaire d’Envermeu, tout du moins), et de six clous d’argent disposés aux coins des éléments.

Pour la composition du ciment, Edouard Salin parle d’un mélange de silicate de soude et de carbonate de chaux, d’un autre de chaux et de magnésie, et d’un autre encore de cire et de calcaire en poudre. Chaque atelier d’orfèvres avait donc sa recette, en fonction des matières premières disponibles. Après en avoir discuté avec Steeve Mauclert, j’ai décidé d’utiliser simplement du carbonate de calcium. Autrement dit; de la craie et de l’eau. Ce mélange a l’avantage d’être réversible, car en séchant, il ne reste que la craie, qui peut alors être cassée et remise en poudre. Humide, il donne une pâte visqueuse et collante.

Le ciment frais doit être immédiatement appliqué dans le boîtier de fer, presque jusqu’à ras-bord. Et il faut ensuite attendre qu’il commence à sécher et durcir pour pouvoir y installer les éléments à sceller. Le meilleur moment pour procéder est le moment où le ciment devient spongieux, car il est suffisamment durci pour que les grenats ne s’enfoncent pas dedans, mais encore suffisamment collant pour maintenir le tout.

Les clous d’argent sont réalisés dans un fil à 8/10e de millimètre. Les extrémités des morceaux de fil sont fondus au chalumeau pour obtenir une goutte de métal, qui est ensuite écrasée au marteau pour obtenir les têtes rondes. Ces têtes sont d’une taille conséquente, comme on peut l’observer sur le fermoir d’Arlon.

Sur les fermoirs retrouvés complets, on peut observer que ces clous sont traversants. On les voit dépasser légèrement au dos du boîtier. Philippe et moi avons discuté pendant des heures pour tenter d’établir quel était le système d’accrochage de ce fermoir. Et nous avons fini par prendre le parti d’utiliser les six clous, qui étaient les seuls éléments visibles au dos de l’objet. Ce parti-pris est certainement contestable, mais nous n’avons pas pu établir d’autre hypothèse plus plausible.
Pour que ce choix ne soit pas définitif, j’ai simplement replié les extrémités des clous.

L’assemblage des éléments s’est avéré difficile, à cause de l’ajustage insuffisant des grenats, qui m’a forcé à déformer légèrement les cloisons. J’ai dû élargir légèrement le boîtier, et forcer sur les têtes de chevaux pour les insérer. Le serrage d’un des clous a enfoncé une pierre d’angle dans le ciment, qui n’était pas encore assez sec.